Rencontre-discussion avec Xavier Delcourt. Dans le chaos du présent, à la lumière d’Adam Tooze

Adam Tooze : « La polycrise dans laquelle nous nous trouvons est rapide, complexe, hétérogène, interconnectée et explosive. Un motif intellectuel de réconfort, au moins : nous sommes tous dans le même bateau. Si vous vous sentez confus et dépassé, vous n’êtes pas seul. Personne n’échappe à la conjoncture actuelle. » Polycrise ? Comment concilier maximum d’incertitudes et sentiment de l’urgence absolue d’agir. Tooze ? Un historien de l’économie politique devenu cartographe d’un présent hanté par les monstres de Gramsci. Foin d’analogies rétroactives ou d’anticipation d’un « nouvel ordre » à venir, dit-il : les effets de l’Anthropocène ont bel et bien sapé les cadres cognitifs que nous y avons construit, comme leurs instruments prédictifs. Alors il tente sérieusement d’en bricoler d’autres, données à l’appui – celles de la « macro-finance », par exemple – parce que les problèmes doivent être formulés et résolus et que, si l’on suit Keynes, nous en avons les moyens : « Tout ce que nous pouvons accomplir, nous pouvons nous le payer ». Certes, il faudra beaucoup d’argent pour financer la transition énergétique – des milliers de milliards de dollars à canaliser, publics et privés, nationaux et internationaux. Beaucoup d’innovations technologiques aussi. Et inventer des coalitions politiques qui les hybrident, en protégeant les plus exposés. On en est loin. En espérant qu’entre-temps les banques centrales parviennent à éviter… l’effondrement des économies sous les coups du nouveau capitalisme financier. Bref, une modeste proposition de remue-méninges, avec cette rencontre avec l’effet Tooze.

 

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