Rencontre-discussion : Ces soignantes capitales venues des confins. Par Helena Hirata, avec Thomas Coutrot.

Il aura fallu la pandémie ! Elle les a mises dans la lumière. Pour combien de temps, avant leur retour dans l’ombre ? Car tout se passe comme si notre dépendance d’elles, massive, devait être poussière à cacher sous le tapis, pour notre plus grand confort d’esprit. Or, elles sont partout, et elles nous voient. Et que sait-on d’elles, de leur provenance, de leur vie, de leurs conditions de travail, de leurs humiliations au quotidien et de leurs peines ? Et de leurs joies… Car elles en tirent, de leur exercice, si dévalorisé pourtant : aides-soignantes, aides médico-psychologiques, auxiliaires de vie sociale ou aidantes à domicile. Là, tout un monde d’en bas, en fait parallèle, en expansion constante, dans notre monde « avancé ». On n’a pas trouvé mieux pour désigner leur fonction commune qu’un terme venu d’outre-Atlantique (Carol Gilligan. 1982), et qui dit deux choses en un : care, à la fois souci des autres et action de prendre soin d’eux. En faire toute une affaire : « Nunucherie », selon Jean-Michel Aphatie (15 avril 2010). Et ce sacré care, l’ériger en concept, celui-ci pierre angulaire d’une nouvelle théorie critique ? Pure idéologie, s’exclament plus d’un, et qui permet de faire l’impasse sur la réalité et la violence des rapports sociaux. Tout le contraire, selon Helena Hirata, sociologue et féministe, qui nous relatera, avec quelques photos à l’appui, son enquête dans ce monde d’à côté et si proche, de la France au Brésil en passant par le Japon. Á sa suite, Thomas Coutrot, qui ouvrira la discussion.

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